Enfant 44 de Tom Rob Smith
Pour l'essentiel, l'action se déroule en 1953, en Russie soviétique, année cruciale qui verra la mort de Staline, l'exécution de Béria, chef de la police politique, et la prise du pouvoir par Nikita Khrouchtchev.
Leo, brillant officier du MGB, l'ancêtre du KGB, assure bravement sa mission qu'il se persuade de mener dans l'intérêt de son pays et de la révolution. Arrestations, accusations montées de toutes pièces, tortures, exécutions sommaires : il assume. Jusqu'au jour où il se trouve confronté au meurtre d'un enfant, à l'évidence victime d'un criminel en série. Mais que signifie « l'évidence » quand elle se heurte au dogme : le crime n'existe pas dans une société sans classes ?
Poursuivre un serial killer dans un régime où le crime n'existe plus officiellement, et où toute contestation de ce fait est passible du goulag.
C'est noir, mais jamais pesant et on est tiraillé entre l'envie de savoir ce qu'il va advenir et celui de savourer l'histoire, de faire durer le plaisir.
Situé à la toute fin du stalinisme mais basé sur une trame assez proche l'affaire Andreï Chikatilo, dit "le boucher de Rostov" arrêté en 1992 et peut être le seul serial killer identifié comme tel en URSS, "Enfant 44" fait partie des thrillers auxquels il est difficile de terminer un chapitre sans en entamer le suivant.